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Esthétique de la charogne

Cette somme d’érudition magnifiquement éditée fera date. À la fois par son objet esthétique: « le corps qui se corrompt » ; et son empan cognitif : les multiples sciences (l’entomologie, la biologie, l’anatomie,…) auxquelles l’auteur recourt pour analyser cette « terrible fabrique du vivant ». Mais ce que ce philosophe de l’environnement, nous donne à voir n’est bien sûr pas le « spectacle de l’immonde ». Il nous donne à penser le vivant dans ses multiples déplacements. Si le corps est délaissé par sa vie il ne l’est pas par la vie. Comment dès lors regarder cet « éco-système-cadavre » ? Sous le prisme de multiples arts, littéraires (Baudelaire, Flaubert…), visuels, plastiques (Fragonard, Suzini) le philosophe va étudier ces innombrables modes de représentation. Depuis l’art macabre médiéval jusqu’au bioart contemporain, il nous montre le vivant dans ses différentes déclinaisons ; jusqu’à nous faire disqualifier dans leurs registres ultimes ces critères du laid ou de l’ignoble. Ces chairs qui se dénouent participent à la régénération du vivant et, qu’on le veuille ou non, de façons ordonnées et harmonieuses sous « l’ordre écologique du monde ».

Esthétique de la charogne, Hicham-Stéphane Afeissa, Éditions Dehors, Paris, novembre 2018, 648 pages, 32 euros.

Philippe Pataud Célérier

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