20 Déc Kinkaku-ji (Pavillon d’Or), Kyoto
Miroitant dans les eaux d’un étang tout en se détachant d’un écrin verdoyant adossé au mont Kinugasa, le Pavillon d’or a, au premier regard, l’essence volatile des mirages. Mais la foule qui déambule et nous bouscule en rangs compacts, l’œil collé au viseur, nous rappelle immédiatement que le lieu a la dure réalité des sites classés au Patrimoine mondial de l’humanité. En 1397, Yoshimitsu (1358-1408), le troisième shogun Ashikaga, renonce à sa fonction de gouverneur pour devenir moine sous le nom de Rokuon et construit le Pavillon d’or. Le nom de Kinkaku-ji est illustré par les deux étages supérieurs recouverts de feuilles d’or. Ce lieu de retraite (le rez-de-chaussée est réservé à la méditation tandis que l’étage supérieur abrite des reliques de Bouddha) s’élève dans la vaste enceinte du temple Rokuon-ji, inspirée par le jardin de promenade du temple des Mousses. Ashikaga Yoshimitsu étant très féru de philosophie zen, c’est tout naturellement que son pavillon se transforme en temple après son décès. Pendant plusieurs siècles, le Pavillon (mais non l’ensemble des bâtiments cultuels du temple Rokuon-in) échappe miraculeusement aux guerres civiles qui incendient la ville, en particulier celle dévastatrice de l’ère Onin (1467-1477) déclenchée par la succession d’Ashikaga Yoshimasa (le fondateur du Pavillon d’argent !). Il est cependant dévoré par les flammes en 1950, du fait d’un moine déséquilibré qui embrase ce qui embrassait tant de beauté. Six ans plus tard, l’écrivain Mishima se nourrira de cet acte de folie pour publier Le Pavillon d’or. Les Japonais découvriront ce livre sulfureux tandis qu’on inaugurera une réplique de cet édifice à nouveau étagé par trois architectures différentes : le premier niveau épouse le style des maisons aristocratiques sous Heian (shinden-zukuri) ; le deuxième celui d’une maison de samouraï au toit légèrement relevé comme un sabre ; le troisième et dernier reprend le style karayo des temples zen. Quant à la toiture, elle est dominée par un phénix chinois qui peut être assez opportun lorsqu’il s’agit de renaître de ses cendres. PPC
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