L’âge des démagogues
L’ancien correspondant de guerre pour Le New-York Times ne mâche pas ses mots. Dans cette série d’entretiens donnés avant l’élection de Donald Trump, il fustige aussi bien les élites de droite que de gauche, asservies au « pouvoir de la grande entreprise ».
Avec la victoire de Trump ses réflexions font aujourd’hui mouche. Car ses analyses, celles d’un homme récipiendaire d’un prix Pulitzer, mis à l’écart des grands médias traditionnels, révèlent en creux ce qu’un système, celui de l’Etat-entreprise entend occulter: tous ces « business » – comme le fameux PTP, le partenariat transpacifique – contractés en dehors de tous étais démocratiques.
Hedges rappelle ce concept – défini par le philosophe Sheldon Wolin – de « totalitarisme inversé », monopole non d’un Parti fasciste mais « d’organisations privées, économiques qui investissent leur argent dans le champ public, achètent les élus, modifient la constitution et rendent en fin de compte les citoyens impuissants ».
Premières victimes : les lanceurs d’alerte comme Edward Snowden contre lequel le gouvernement Obama fit durement campagne. C’est dire l’emprise de ce capitalisme totalitaire qui condamne tous ses collaborateurs, actifs ou passifs, à se faire « les complices de leur propre asservissement ».
Pierre-Luc Brisson, Entretiens avec Chris Hedges, Lux éditeur, Montréal, 2016, 12 euros.
Philippe Pataud Célérier
Le Monde Diplomatique, février 2017.