Les Chinois de Alain Wang
Près de 20% de la population mondiale est chinoise. Et 92% de ces Chinois sont de l’ethnie Han. Une homogénéité obtenue par le Parti-État au fil d’un véritable ethnocide par « sinisation forcée » qui se poursuit encore : plus de 200 000 fonctionnaires ont été envoyés pour la seule région autonome du Xinjiang entre 2013 et 2016.
Quarante ans après la mort de Mao, Wang analyse les développements politiques, sociaux et culturels qui façonnent cette Chine contemporaine. Et son constat est sans fard : 3000 grandes familles gouverneraient la Chine, douées d’un affairisme bien peu patriotique. 50% des nouveaux riches voudraient quitter la Chine pour vivre loin de cet environnement social, écologique, qu’ils ont contribué à dégrader. L’élite entrepreneuriale a investi le Parti-État. Un dixième de ses 89 millions de membres sont aujourd’hui des chefs d’entreprise.
Dès lors, interpelle l’auteur, à quoi sert le parti communiste qui fêtera en 2021 son centième anniversaire ? À maintenir l’ordre garant de cette stabilité sociale propice aux affaires d’une oligarchie peu soucieuse des inégalités sociales qui s’accroissent ? La sixième génération de dirigeants communistes qui se profile pourra t-elle tourner le dos à cette corruption structurelle qui gangrène le Parti mais hypothèque surtout l’avenir de ses citoyens ?
Alain Wang, Les Chinois, Tallandier, Paris, 2016, 300 pages, 2016, 20,90 euros.
Philippe Pataud Célérier, Le Monde Diplomatique, avril 2017.
