Le collectionneur

Le collectionneur

Le dictionnaire est peu loquace. Un collectionneur est celui qui fait des collections…

Salle Mail Art, Fondation du doute, Blois © ppc
Salle Mail Art, Fondation du doute, Blois © ppc

La collection étant définie par une réunion d’objets, voire un assemblage, une accumulation, un amas, un ensemble, un groupe. Une quantité, en somme, qui ne préjuge en rien de sa qualité, exception faite du rassemblement d’imbéciles que les dictionnaires définissent toujours par les termes : « une belle collection ».

Plus sérieusement, si certains collectionnent les timbres-poste, les papillons, les pierres précieuses, les tableaux, d’autres collectionnent des gardiens de reliquaires, des vases funéraires, des netsuké, des poulies de métiers à tisser, des moules à hosties ou des moules à gaufres.

UBC Museum of Anthropology, Vancouver © ppc, juin 2013
UBC Museum of Anthropology, Vancouver © ppc, juin 2013

Pour la plupart, une passion : la curiosité. Pour tous, un sentiment qui prend racine dans un rapport particulier à l’objet : sa possession. « J’ai », donc je suis. Mais qui est le collectionneur ? Un artiste, un curieux, un spéculateur, un marchand, un accapareur, un esthète… ? Et pourquoi collectionner ? Posséder ne va de soi nulle part, nous disent les chercheurs ; et ce d’autant plus lorsque les objets collectés ont été fabriqués pour des cultures autres que celle de leur nouveau propriétaire ou ont perdu cette valeur d’usage, cette raison d’être qui donnait aux utilisateurs leur « raison d’avoir ».

Fondation du doute, Blois, Charles Dreyfus © ppc
Fondation du doute, Blois, Charles Dreyfus © ppc

Qu’est-ce qui fait alors le sens de cette nouvelle relation entre collectionneurs et objets ? Le plaisir de posséder, d’être possédé ? L’un va rarement sans l’autre. La possession est à ce prix et parfois au prix le plus fort. Une aberration pour certains qui voient dans l’objet acquis la consécration d’une valeur sans usage ou plus exactement un usage qui n’existe plus et ne peut avoir de valeur. À quoi peut donc bien servir un objet laid, inutile, parfois aussi morbide qu’un crâne- trophée ou aussi encombrant qu’une machine à laver ?

Rapports étonnants. En apparence peut-être. Car si les objets possédaient des qualités intrinsèques indépendantes de celui qui les observe, chacun les percevrait de la même manière. Or il n’en est rien. L’intérêt des collectionneurs tient moins à la nature de l’objet qu’à leur propre état de curiosité. Le collectionneur objet de curiosité ? Un sujet à développer.

Philippe Pataud Célérier

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