Milieu, de Damien Faure
Dans Espaces intercalaires (2012) son premier documentaire sur le Japon, Damien Faure dévoilait comment de petites architectures douées de cette énergie d’herbes folles, arrivaient à se faufiler dans cet espace urbain surdensifié qu’est Tokyo. Milieu son dernier film invite à une révélation inverse en nous immergeant cette fois dans la végétation luxuriante de cette île située à l’extrême sud de Kyūshū : Yakushima.
Guidé par la voix du géographe philosophe Augustin Berque, le cinéaste montre comment l’homme prit dans les rets de cette nature surabondante tente de tuteurer ce qui ici le dépasse. Pour cela bien des manières : réduire, posséder ? A l’image de ce chasseur de papillons courant sous les cryptomères plusieurs fois millénaires ; ou bien alors l’habiter, quitte à ce qu’elle nous possède un peu, beaucoup, à l‘instar de ces hommes qui claquent des mains dans le vide pour appeler les kamis (esprits) protecteurs.
En fait ce que nous donnent à voir ces images d’une profonde beauté c’est moins le visible que le lisible, fonction de cette interaction que chaque être vivant nourrit avec son environnement. Une interdépendance dont on va approfondir le sens à l’approche du terrible typhon qui menace, les hommes surtout, et que le cinéaste va suivre au plus proche de ce qu’ils cachent : dans cet autre territoire qu’est l’intimité du visible.
DAMIEN FAURE. DVD, bonus (entretiens avec Augustin Berque et Yoshio Nakamura) + livret, aaa productions, 2016, 103 minutes, 19 euros.
Philippe Pataud Célérier, Le Monde Diplomatique, mars 2017