Pas perdus par Jean-Yves Cousseau
C’est au milieu des années 1980 que Jean-Yves Cousseau croisait Guy Debord. Le photographe venait de publier Lieux d’écrits. Une déambulation visuelle autour de ces maisons d’écrivains qui avaient habité Paris ou sa banlieue. Une quarantaine d’auteurs avaient été retenue. Un choix trop restreint pour Debord qui ajoutait soixante trois noms au cas où une seconde édition suivrait. Péret, Artaud, Rilke, Michaux, Cravan mais aussi Poe, bien que sa fameuse rue Morgue n’existât que dans son imaginaire, faisaient partie de cet inventaire francilien remis à Cousseau par Debord. Mais la liste fut perdue. Elle ne resurgira que vingt ans plus tard dans le volume 6 de la correspondance de Guy Debord publié par Gallimard en 2007. Archiviste scrupuleux, le situationniste, décédé en 1994, avait pris soin de la recopier avant de s’en séparer. Cousseau se remet alors à l’ouvrage pour donner à cette anthologie littéraire sa « livrée » argentique. De ses trente ans de matériaux photographiques près de deux cent images sont tirées que Jean-Yves va oxyder, laminer, malmener. Comme pour donner à ces voix qui se sont tues l’éclat des cicatrices qui n’oublient plus.