Nalini Malani, la rébellion des morts

Nalini Malani, la rébellion des morts

Talking about Akka © Nalini Malini, 2007.

Salle après salle ou page après page dans le livre qui témoigne de la rétrospective consacrée à Nalini Malani (1) on découvre, fasciné, tous les moyens d’expression artistiques (cinéma, photographies, peintures, théâtre d’ombres/vidéo, dessins,… ) que l’artiste a inventés ou s’est approprié au fil de ces quatre décennies. Née à Karachi en 1946, l’année précédant la partition fratricide qui divisa l’Inde et le Pakistan, Malani construit sa vision du monde par le prisme de ce premier traumatisme. Son art très politique entend saper toutes ces divisions, frontières, hiérarchies qui assignent les hommes à des appartenances de caste, de classe, de genre, de peau. Lobes et viscères peuvent ainsi se côtoyer dans ses peintures pour défaire l’ordre hiérarchisé (du pur vers l’impur) par le système hindouiste des castes. Se dressant contre tout ce qui se construit dans l’éviction de l’autre en particulier dans la sujétion des femmes Malani nous dit aussi que le monde serait moins chaotique si on les écoutait davantage. Piochant dans la mythologie universelle les preuves de ces incarnations féminines qui ont lutté jusqu’a la folie pour faire advenir cette humanité prisonnière de l’ordre établi par les hommes. Sita, Médée, Cassandre condamnée à prédire sans jamais être crue. Malini sème un nouveau système de relations des choses et des êtres.

Philippe Pataud CélérierLe Monde diplomatique, janvier 2018

« Nalini Malani : la rébellion des morts. Rétrospective 1969-2018 », exposition au Centre Pompidou, Paris, du 18 octobre 2017 au 8 janvier 2018. Également : Sophie Duplaix (sous la dir. de), Nalini Malani, Hatje Cantz-Centre Pompidou, Paris, 2017, 240 pages, 35 euros.

Pour en savoir plus :

Voir également les articles : Quand l’Inde se regarde en peinture et Nalini Malani, l’humanité mise en culture 

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