Ouzbékistan : Retour de Tachkent

Ouzbékistan : Retour de Tachkent

Capitale cosmopolite d’un pays musulman et laïque, Tachkent réinvente son passé à force d’avenirs. Entre les écrans publicitaires et les boutons d’ivoire des minarets, chacun cherche avenue Karl Marx la nouvelle avenue «de l’Indépendance» appelée déjà «Broadway avenue» par ceux qui téléphonent en engloutissant des barbes à papa. Sous l’œil sec des enfants blonds à la mèche de galibots.

Ouzbékistan, Tachkent, avenue Karl Marx © ppc
Ouzbékistan, Tachkent, avenue Karl Marx © www.philippepataudcélérier.com

Tachkent. A l’image peut-être de Pouchkine. Rare sculpture soviétique non déboulonnée. Mais une figure de métisse et des traits négroïdes. Cet aristocrate avait du sang éthiopien ; une patine de plomb et ce regard usé comme un exil. Timur, Timur-i-Lang, Tamerlan, (Timur le boiteux) «Timurland». Des statues équestres nées pour mille ans (Retour au pays de Tamerlan, Courrier International, 6 janvier 2000) Tachkent. D’abord, son multi-ethnisme. Kazakhs, Tadjiks, Turkmènes, Kirghizes, Arméniens, Juifs de Boukhara ou du Birobidjan (1), Lulis (2), Karakalpakes, Arabes, Azéris, Afghans, Ouïgours, Chinois, Russes, Georgiens, Ukrainiens, Biélorusses. Dans la capitale, une immigration essentiellement européenne. Tachkent, la métisse, l’Eurasienne : «… le long des larges avenues plantées de grands arbres, sur lesquelles passaient en bringuebalant de petits trams bondés, je remarquai tout de suite la symbiose démographique russo-asiatique, aussi révélatrice que l’alternance des grands immeubles et des maisonnettes de boue.» L’auto menait dans les années 50 Alberto Moravia «vers la maison de repos des écrivains ouzbeks» (3). Où le conduirait-elle aujourd’hui ? Mais de mulâtre point.

Jeune fille Luli, Rom d'Asie centrale, Boukhara, Ouzbékistan © ppc
Jeune fille Luli, Rom d’Asie centrale, Boukhara, Ouzbékistan © www.philippepataudcélérier.com

Aussi des russophones asiatiques, des Coréens de Vladivostok, des Allemands de la Volga, des Cosaques du Don, des Tatars de Kazan et de Crimée, des Turcs Meskhètes, des Tchétchènes, des Kurdes, des Grecs… Pour tous, des tapes dans le dos comme on pousse à la déportation. Une fraternité de «Petit Père des peuples». «Si l’on déportait en Sibérie les individus suspects, on exilait en Asie centrale les peuples coupables (4).» Peut-être aussi, quelques Khetagourovkis, ces dizaines de milliers de femmes soviétiques qui par wagons entiers déambulèrent dans les steppes d’Asie centrale, pour enfanter toujours plus à l’Est (5). «À Tachkent, poursuit Moravia, la population compte trente pour cent de Russes – pour la plupart émigrés au temps du tsarisme – et soixante-dix pour cent d’Ouzbeks.» C’était dans les années 50, quarante ans avant l’indépendance de l’Ouzbékistan. Des Ouzbeks, enfin. «Est Ouzbèke toute personne parlant ouzbek, mais une telle définition, si elle permet d’intégrer les autres minorités musulmanes toujours bilingues, suffit à écarter les Russes (6).»

© Jean Bretonnel/Globe-Mémoires
© Jean Bretonnel/Globe-Mémoires

Et les Ouzbeks, peut-être aussi ? «La commission de la langue d’État a souligné la lenteur avec laquelle les structures étatiques abandonnent depuis 1991 la langue russe au profit de la langue ouzbèke. On a aussi critiqué le fait que le ministère des Télécommunications emploie toujours le russe. La plupart des documents officiels sont écrits en russe. D’ailleurs, quand ils ne le sont pas, ils sont écrits avec des fautes en ouzbek (7).» On ne saurait les blâmer, «Lettré, instruis un illettré !», tel était le slogan soviétique en 1919 (8). Mais de quel illettrisme parlait-on‑? Les campagnes massives d’alphabétisation rythmaient le plus souvent des changements d’alphabets pour le moins nombreux : «On passe d’un alphabet arabe réformé (1923-1928), au latin (1928-1940), puis au cyrillique (1940) et enfin aujourd’hui, de nouveau au latin (Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan)  (9).» À preuve, le tout récent hôtel de ville de Tachkent aux vitres opaques et aux caractères latinisés (10).

Vallée du Ferghana, Ouzbékistan © ppc
Vallée du Ferghana, Ouzbékistan © www.philippepataudcélérier.com

Tachkent, ville cosmopolite. Par convergence de routes ; par divergence de ceux qui les prennent ? Marchands, soldats, missionnaires, ouvriers ? Par nécessité sûrement. Une oasis comme un point entre géographie et histoire, quêtes et conquêtes. Cité caravanière au croisement des voies commerciales reliant l’Orient et l’Europe, la Chine et Byzance. «[…] une ville littéralement enfouie dans la verdure, l’épaisse, la magnifique verdure d’une des cent vingt six oasis formées dans les steppes par les eaux abondantes des deux grands fleuves, l’Amou-Daria et le Syr-Daria (11)». Mais Tachkent n’est pas Samarkand. Seulement quelques ruines pour une naissance trop septentrionale sur l’ancienne Route de la soie. Une géographie ingrate, compensée depuis un siècle et demi par une histoire généreuse‑? Peut-être.

Rattachée à la Russie dès 1865, la ville «est emportée d’assaut, sans ordre du gouvernement par le général Tchernyaiev avec à peine deux mille hommes et douze canons, bien que la ville soit défendue par trente mille musulmans et cinquante canons (12).» Mais une victoire stratégique. Désormais, les troupes russes marchent depuis Tachkent. Exit, cet imaginaire de cour d’école‑: «Cosaques du Yaïk, dragons, nobles d’Astrakan, Tatars (…) Six mille soldats lancés [de la Caspienne] par le tsar» sur l’Asie centrale en 1716, mais réduits en poussière «abusés aussi bien par la traîtrise du climat que par celle du khan de Khiva». Fini aussi, ces navires de guerre cahotant dans le désert à bosses de chameau, puis «remontés sur les rives de la mer d’Aral», dans ces carrés de sable aussi bruyants que des jeux d’enfants (13). Samarkand tombe en 1868. Boukhara, Khiva (1873) deviennent des protectorats russes avec déjà des rumeurs de ballast entre l’Oural et l’Asie centrale.

Tadjik, sur la route de Samarcande, Ouzbékistan © ppc
Tadjik, sur la route de Samarcande, Ouzbékistan © www.philippepataudcélérier.com

Tachkent, capitale administrative du Turkestan. La province englobait l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizstan et le Tadjikistan actuels. En 1896, la ville est reliée au centre de la Russie‑: ligne Orenbourg – Tachkent. Puis des pierres concassées au milieu des déserts. 1899. La Transcaspienne. Tachkent, en route vers son industrialisation : «Dès 1871, la ville comptait neuf entreprises employant six cent trente ouvriers (14).» Une ville qui ne cesse de grossir : «56 000 habitants en 1868, 156 000 en 1897 ; plus de 200 000 en 1910.» En marche aussi vers sa prolétarisation avec l’ombre de Guerman Lopatine, «proche ami de Karl Marx, membre du Conseil général de la première internationale et [vivant] à Tachkent». Dans la nouvelle ville européenne, les beaux quartiers russes tranchent sur les masures ouvrières. Mais les consciences s’éveillent : «Si vous vous trouvez dans une ville au sujet de laquelle les statistiques affirment : il y là tant d’habitants, tant d’églises, pas d’écoles, pas de bibliothèques, pas d’institutions de charité, une prison, etc., vous pouvez dire sans crainte de vous tromper, que vous êtes au centre même de Tachkent !» affirmait l’écrivain Saltykov-Chtchedrine, qui choisit le mot “tachkentais“ comme «symbole de la routine et de l’arbitraire».

Ouvriers russes, Tachkent © ppc

Octobre 1917, le pouvoir est entre les mains des Soviets. «Le 1er mai 1918, jour de la fête internationale des travailleurs, fut le symbole de l’unité fraternelle (…). Du côté de la nouvelle ville arrivaient des colonnes de travailleurs russes et du côté de la «vieille», des colonnes d’ouvriers ouzbeks. Leur jonction se fit près du pont Ourdine, au-dessus du canal qui, depuis de longues années, divisait la ville en deux parties. Une immense banderole rouge portant cette inscription en ouzbek : “Vive l’amitié de tous les ouvriers et paysans !” avait été tendue sur le pont.»

Moins d’un an plus tôt pourtant : «le Conseil des commissaires des peuples du Turkestan, [avait été] créé avec des cadres exclusivement européens (…). A Tachkent, les colons russes, mencheviques comme ex-tsaristes, rejoignent le Soviet, perçu comme l’expression du pouvoir de la métropole et se livrent à des réquisitions forcées chez les paysans musulmans. Ce qui ailleurs en Russie relève d’un antagonisme de classes (en fait prolétariat urbain contre paysans) prend dans les provinces musulmanes une apparence de conflits inter-ethniques, les paysans étant musulmans et les ouvriers et fonctionnaires européens (15).» Alors ? Bolcheviks ? Colonialistes ? Non, le Soviet de Tachkent est «indigénisé» sur ordre de Lénine début 1920. Indigéniser ? Promouvoir de jeunes musulmans issus «de milieux ruraux et parfois illettrés» en lieu et place des élites musulmanes. Désormais Mohamed s’appelle Mohamedov, observait Moravia.

Mille neuf cent trente. Samarkand, capitale, haut lieu de la culture tadjike, est déchue au profit de Tachkent, lumineuse, lamineur avec son horizon garance et ses sentinelles à l’œil droit sur de grandes plaines de coton. Tachkent. Fée aux doigts sales. Electrifiée dès 1926, grâce au fleuve Tchirtchik. Tête de pont de l’industrie socialiste d’Asie centrale, combinats textiles, machines-outils, machines agricoles, complexes cotonniers avec des airs de khachara ou chantiers populaires. Ville universitaire, centre scientifique, Tachkent, capitale d’une république socialiste soviétique. Ville européenne où les indigènes sont minoritaires (16). Une population qui double encore dans la capitale entre 1920 et 1939. Près de 600‑000 personnes. Déjà la huitième ville de l’U. R. S. S. Mille neuf cent quatre-vingt-onze. L’indépendance donc. Encore des banderoles.

Ouzbékistan, Tachkent © ppc
Ouzbékistan, Tachkent © www.philippepataudcélérier.com

Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan avec des frontières régionales transformées en frontières internationales. Un communisme érigé en nationalisme pour d’autres cultes de plomb – hier, c’était l’acier : du russe stal, staline. Aussi des reflux migratoires à destination cette fois de la Russie. En sens inverse, peut-être en plus grand nombre, hommes d’affaires, Saoudiens, Coréens, Turcs, Américains, Européens, mafieux. Des touristes également du monde entier. Et des commerces en tous genres‑: grosses cylindrées allemandes, chemises iraniennes – rayures verticales noires et blanches –, sacs de sports «Adidas», fabriqués en Chine, gâteaux secs turcs, drogues naturelles – tadjikes, afghanes, ouzbèkes – ou fers à repasser des Émirats arabes… Des appareils ménagers expliquant peut-être qu’une à deux fois par semaine, les salles d’attente de l’aéroport de Tachkent à destination de Bahreïn ou de Dubaï soient emplies de jeunes femmes, avec pour tout bagage sous les jupes en cuir, des jambes immenses aux reflets de néon.

Ville européenne musulmane ? Ville russe orientale ? Cité asiatique occidentale aux minarets clairsemés ? Ville soviétique musulmane sur fond d’écrans publicitaires – Hollywood, Coca-Cola, British American Tobbaco, Daewoo –. Ou bien cité musulmane asiatique enfouie sous les larges artères soviétiques et les panneaux de propagande : «Tachkent, ville de paix et de joie», «En route vers le futur»…

Sédentarisme et nomadisme © ppc
Sédentarisme et nomadisme © www.philippepataudcélérier.com

Islam Karimov ? Tadjik, originaire de Samarkand. Président de la République Ouzbèke. Avec un prénom musulman et un nom soviétique. Prône une voie laïque après avoir prêté serment sur le Coran. Qui s’en étonne ? Tachkent se développe. Déjà une rue comme la place du Tertre. Avec ses éventaires de croûtes et de portraits ; ses instants de vie croqués sur le vif à fleur de peau, pour des souvenirs morts-nés. L’ancienne avenue Karl Marx prend la gouaille de Montmartre. Pas celle de Céline. Mais des glottes avachies par les sucreries et les barbes à papa. Tachkent s’occidentalise à la mode orientale. Les peintres du dimanche côtoient les montreurs de serpents, les avaleurs de sabre que l’on jalouse dans la fumée des chachliks– morceaux (de gras) de moutons crucifiés sur des berceaux de braises – tant on élève dans ces lieux touristiques des fumées aussi noires que des fumigations. Vert, jaune, rouge. Des étals de brochettes blanches comme des spectres. En été, les mâchoires sont nécrophages. Mais bourrées d’or printemps comme hiver – signe de richesse‑–. Des tanières de quarante voleurs qui soufflent et scintillent à l’oreille : «Jamais, vous n’auriez mangé ÇA !… a…vant ! – Mais AVANT… quoi ! ?»

Dans cette ancienne avenue, rebaptisée avenue de l’Indépendance et déjà par certains «Broadway avenue», une jeune Coréenne, de noir vêtue, vend des croix catholiques et égyptiennes, à l’ombre d’un parasol blanc et rouge estampillé de la marque de cigarettes Lucky Strike. À proximité se tient, accroupi devant le portrait de Lénine, un Russe guidant l’aiguille d’un vieux gramophone sur le timbre spiralé de Marc Bernes : ancien chanteur juif soviétique, dont la voix éraille dans l’indifférence collective une vieille chanson d’Yves Montand «Quand l’ami lointain chante.» L’homme tire sur sa cigarette. Une bouffée d’apnée. Soixante dix-huit tours et des regards qui s’enflent comme des piqûres d’abeilles. Par manque de moyens, ce Russe n’a jamais pu retourner chez lui après l’Indépendance.

Russe, sortie de métro, Tachkent © ppc
Russe, sortie de métro, Tachkent © www.philippepataudcélérier.com

Et puis pour quoi faire ? Revoir qui ? Sans terre, sans argent, bien souvent sans famille. Ne lit-on pas dans les journaux ouzbeks que «des milliers de Russes émigrant en Russie ont été chassés par leurs frères et contraints de revenir en Ouzbékistan. Que les Russes ouzbeks se différencient des Russes de Russie, ceux-ci étant paresseux, malhonnêtes, hypocrites, le contraire de nos Russes» avant d’ajouter le plus sérieusement possible qu’en Ouzbékistan «les Russes rencontrent les mêmes problèmes que les autres nationalités, c’est-à-dire des difficultés économiques (17)»… mais sans solidarité familiale.

Médailles soviétiques, portraits, livres, affiches de propagande, tout est à vendre. Les mendiants ont souvent les yeux bleus. De ces ciels pommelés d’ecchymoses. «Le sens de la vie, voilà une invention purement russe. Nous l’avons inventé pour la même raison que les asiates ont inventé le bouddhisme, à cause, semble -t-il, de la pénurie d’objets de première nécessité (18).» Les mains dans le dos, pareils à des pigeons, des vieux circulent. Là, l’œil indifférent d’un Ouzbek, sous la chéchia (de Chach, l’ancien nom de Tachkent), petite calotte noire brodée de motifs argentés. Ici un Tadjik et une silhouette en khalat – long manteau traditionnel – les traits altiers, la tête enturbannée, volumineuse. Des Apollinaire trépanés. Plus loin, deux groupes de jeunes filles aux pas décidés. Slaves, Asiatiques, tee-shirts, jupes de cuir ou en toile, rouge, verte, jaune, avec pour chacune, collée sur la peau, un sac à dos, aussi encombrant qu’un nombril… un abdomen, noir, étoilé. Une karakourte ? Petite araignée venimeuse. Paris, Rome, New-York, Tachkent ! «PO…CHT !» L’Occident derrière les steppes ?

Mode Russo-ouzbèque © ppc
Mode Russo-ouzbèque © www.philippepataudcélérier.com

La mode s’affiche en été. Habille en hiver. Sans doute. «Déjà en 1928, la question de l’émancipation de la femme était tenue, par les communistes de la République, comme l’objectif le plus important du Parti (…) Mais dans quel but ? Notre lutte pour l’émancipation de la femme est avant tout une lutte de classes ! (…) Ce n’est pas seulement le fait de l’égalité des sexes qui nous intéresse, pas plus que la suppression des signes extérieurs de l’inégalité existante, tels que la liquidation du voile (…) mais quelque chose de plus important encore (…) Ce qui nous intéresse, c’est la question de l’activisation des masses parmi les femmes, c’est le moyen de la capter pour les besoins de la construction socialiste (19)». «Le 8 mars 1927, des cérémonies publiques de dévoilement se déroulent dans toute la république. Les cadres [indigènes] sont sommés d’y conduire leur épouse (…) Certains y amènent une femme de substitution (20).»

Jeunes femmes ouzbèques © ppc
Jeunes femmes ouzbèques © www.philippepataudcélérier.com

En 1953, «un voyageur circulant à Tachkent, estimait à 5 % – soit une sur vingt – le pourcentage de femmes adultes voilées (21).» Quand Ella Maillart témoignait vingt ans plus tôt : «Tout me surprend : […] le nombre de femmes voilées, silhouette de cercueils dressés, avec le contour raide et monolithique du parandja […] C’est treillis qu’il faudrait dire, tant est rigide et sombre cette toile en crin de cheval qui leur blesse le bout du nez, qu’elles pincent entre leurs lèvres lorsqu’elles se penchent pour regarder la qualité du riz qu’on leur offre, le regard pouvant seulement filtrer lorsque le tchédra est perpendiculaire devant les yeux (22)». «Nos conquêtes, reprend le quotidien Pravda Vostoka – La Vérité de l’Orient – doivent alimenter et révolutionner les masses de millions de femmes opprimées en Orient (23).» Ces femmes musulmanes qui relevaient leur robe par-dessus les pantalons pour cacher leur figure aux passants étrangers. Ces mêmes «femmes libérées», dont certaines arrachées à leur famille, s’immolaient par le feu dans la solitude des champs de coton soviétiques.

Oubékistan Popp, © ppc
Oubékistan Popp © www.philippepataudcélérier.com

«POCHT !»

Les extrémités se découvrent dans la capitale : Slaves, Européennes, Coréennes, Asiatiques, métisses, donnent le ton. Et plus il est haut, plus les jupes sont courtes. Quelques jeunes femmes ouzbèkes commencent à les imiter : du bout de ces genoux qu’elles croisent avec fierté dans ces nouveaux temples de la consommation où une sucrerie équivaut au prix de cinq repas. Mais ne consomme pas qui veut. Le luxe, c’est l’inutile à condition de tout ignorer des rapports sociaux. Les investisseurs ne sont pas dupes. Particulièrement les Turcs de Turquie, ces oncles d’Amérique, qui via leurs centres commerciaux ou chaînes de restauration rapide posent de nouveaux repères sociaux. A l’image de ces «Ardus cafés» devant lesquels il est de bon ton de se faire photographier entre amis ou époux du matin, quand la lumière de midi se vautre dans les chromes de voitures éblouissants comme des déserts. «P., poursuit Ella Maillart, qualifie Tachkent de ville extraordinairement ennuyeuse ; il parle sans doute de la moitié russe de cette immense capitale de 500 000 âmes, si tant est qu’on puisse […]compter au nombre des âmes les communistes qui la nient et les femmes musulmanes auxquelles le Coran en refuse une.»

Emblème de l'Ouzbékistan © ppc
Emblème de l’Ouzbékistan © www.philippepataudcélérier.com

Quatrième ville de l’U. R. S. S. des années 1980. Plus grande ville d’Asie centrale, aujourd’hui : 2,5 millions d’habitants. Des avenues surdimensionnées comme des religions sans Dieu. Beaucoup d’asphalte, peu d’âmes. Pire le soir. Malgré ces corps titubants qui étreignent mieux l’obscurité que le jour. Les nuits sont toujours soviétiques. Avec des mains aussi loquaces que des volutes de fumée entre deux pauses odorantes. Échappatoire universel de fin de semaine, ici quotidien. Mais chaque nuit emporte les bassines de plov, riz gras agrémenté de carottes et de mouton ; disperse les vendeurs de samza, petits pâtés à la viande et leur cheminée à roulettes ; ferme aussi les chaykhana, maisons de thé où infusent quotidiennement, dans une paresse exclusivement masculine, au dessus des shorpais (divans-tables), des éternités à coup de dés, de trictracs ou d’échecs ; des figures de Panisse aux fronts larges, bourrées de traits sinueux et profonds comme des carquois à destins ; des mahallas, les quartiers indigènes.

Distributeur d'eaux gazeuses © ppc
Distributeur d’eaux gazeuses © www.philippepataudcélérier.com

Tachkent, une ville extraordinairement ennuyeuse ? Patience. Soixante pour cent de la population du pays a moins de seize ans. En attendant, on cherche les échoppes de perruquiers d’Ella Maillart. «Ces avenues de peupliers où les Ouzbeks alignés vendent des pommes, des lipiochki – petits pains plats et ronds – des carottes coupées, des friandises de confiseurs». Où fourmillent l’Asie et ces foules bigarrées, ces «POCHT !» (Attention !) de ceux qui poussent, tirent, roulent, portent, convoient des centaines de ballots ? Après tant de plans quinquennaux, ne semblent subsister que les marchés comme lieux de désordre et de vie. L’industrie lourde ne conduit jamais à des projets de civilisation, rappelait Moravia. Plus souvent à des modes de vie. Mais si le gaz brûle sans cesse au dessus des cuisinières – il est gratuit – c’est tout simplement parce que les allumettes sont encore payantes.

Tachkent, une ville simplement ennuyeuse ? Difficile. Partout, sur les avenues, des regards de flics sous les képis. Des flics omniprésents, qui jouent de la badine et du sifflet au milieu du goudron et des chauffards. Sans parler du KGB, rebaptisé KNB depuis l’indépendance, qui, au moindre mouvement suspect – prendre une photographie, par exemple  –, ouvre des manteaux, treillis, vestes, jaquettes, blazer, pardessus, anoraks, sur une étoile énorme comme plusieurs médailles soviétiques refondues. Magique aussi l’aéroport de Tachkent où l’on disparaît en silence, à l’instar de Cheikh Abdoulvali Qari Mirsœv, imam d’une grande mosquée d’Andijan (vallée du Ferghana), et de son assistant, en route vers Moscou pour une conférence islamique (24).

Tachkent, ennuyeuse ? Ecoutons la BBC du 6 mai 1997 : «Les autorités ont fermé un club de kick-boxing situé dans un district pauvre de Tachkent et ont limogé son entraîneur, M. Fathoullayev, dont les élèves avaient remporté plusieurs championnats. La raison de la fermeture du club tient à la pratique religieuse de ses boxeurs qui, musulmans, faisaient leurs prières avant les exercices.» Impensable ! Ne rien dire, ne rien voir, la police veille ou surveille. C’est selon. Mais à Tachkent, tout autour du grand bazar «Alay», les trottoirs sont parcourus d’étranges silhouettes. Au poignet de chacune, ballotte un gros sac en plastique qui s’ouvre dès l’étranger à portée de bras. Dans ces panses, des dizaines de milliers de soum, ordonnées par couleur comme au Monopoly. Le dollar s’échange au marché noir à plus de deux fois son taux officiel (25). Aussi des Mercedes de plusieurs centaines de milliers de francs dont le nombre surprend : le salaire moyen est de 2000 soum (80 francs environ). Des téléphones portables qui éclosent comme des capsules de coton.

Ouzbékistan, Tachkent © ppc
Ouzbékistan, Tachkent © www.philippepataudcélérier.com

Enfin, l’hôtel «Ouzbékistan», ancienne fierté soviétique ceinturé en ce sixième anniversaire de l’Indépendance, de belles affiches or aux couleurs de paréo national : blanc pour le coton, bleu (d’outremer ?) pour la mer d’Aral et vert pour l’islam. Sous les blés en épis et cette couleur virginale de champs de coton, des balles de plaisir qu’on roule derrière les portes. Au dix-septième étage, un harem aux cheveux blonds, un bordel, une enclave de chair, payable en dollars pour une rosée de vodka au petit matin. Également des tramways. À chaque carrefour, une carrosserie de bétail mort : des trolleybus encornés. Avec ces perches sur lesquelles on tire à coups de chanvre et d’étincelles pour d’autres jougs électriques. Sous l’œil sec des enfants blonds, des aiguilleurs à la mèche de galibots. Des trolleybus bondés, assaillis à grands renforts de paniers, de coudes, de poitrines bombées, où l’on contemple toujours quelques sièges inoccupés, cerclés de grimaces. Politesses orientales, dans l’attente de vieillards, d’invalides, de femmes enceintes. Mêmes chairs trafiquées ?

Tachkent © ppc
Tachkent © www.philippepataudcélérier.com

Damier vert aux larges avenues fraîches, ombragées, «rectilignes, avec leurs allées cavalières, tout rappelle le temps des gouverneurs généraux et des officiers en casquette blanche (26)». Ville-parc, ville nouvelle, ville européenne, ville russe, construite en face de la vieille ville, sur l’autre rive du grand canal : «vaste agglomération de petites maisons aux murs d’argile et aux toits plats, où les gens vont à pied ou à dos d’âne : c’est la médina classique de l’Orient (Ibid. ).» Une dualité commune à presque toutes les villes d’Asie centrale. Ainsi des fontaines, des jets d’eau, des multiples bassins, innombrables oasis urbaines où les enfants s’ébattent. Jusque dans ces immenses flaques d’eau et d’asphalte, nourries d’arrosages excessifs, de canalisations défectueuses, de conduites d’eau oubliées. Vieille tradition de prodigalité héritée des Russes, amplifiée sous les Soviétiques, prolongée par les Ouzbeks. Des ambiances de scènes champêtres aussi allègres que des scènes de meurtres. La mer d’Aral se meurt depuis trente ans. «Gouvernez l’empire comme vous cuiriez un petit poisson !», conseillait Lao-Tseu. Les élèves ont dépassé le maître.

Mer d'Aral, Ouzbékistan © ppc
Mer d’Aral, Ouzbékistan © www.philippepataudcélérier.com

Mais depuis 1977, ils se déplacent rapidement dans la capitale. Un métro, le seul métro centrasiatique : trente kilomètres de longueur totale, vingt-trois stations magnifiques – autant de refuges antiatomiques – construites à l’époque soviétique, pour magnifier le labeur quotidien des prolétaires. Déjà trente milliards de passagers. Des destinations, moins de destinées, avec parfois, au fond des sacs, quelques-unes des millions de boîtes de sardines retirées des abris et vendues sous le manteau aux passagers par militaires et fonctionnaires. Date limite de «préemption» imposée par un quotidien de plus en plus dur. Métro Oybek. Un vieux quartier russe. Une misère, blanche, métisse, tirée par de curieux appendices à roulettes. Des caddies comme soudés à la colonne de ces vieilles, tordues, noueuses. Cassées. Chaque matin, sous les balcons tsaristes encore altiers malgré de profondes lézardes, –  et qui nous feraient admirer selon les mots d’André Gide : «en Léningrad Saint-Petersbourg» (27) – flotte une armée de babouchkas avec des hésitations pendulaires. Femmes septuagénaires aux bouches affaissées dont les plus chanceuses servent encore dans les maisons de thé. Entre deux souffles : un souper long comme un quignon de pain gonflé par le thé vert et les sucions‑(28). Saint-Petersbourg à Leningrad ? Mais à Tachkent ? Tachkent !

Tachkent © ppc
Tachkent © www.philippepataudcélérier.com

L’espace est aux courbes rectilignes, aux angles équarris, aux surfaces aplanies par les bulldozers. Des plans quinquennaux chaque année, un terrible séisme en 1966, puis l’Indépendance. Des travaux, encore des travaux. On casse, on perce, on disloque, on éventre, on détruit. On défroisse jusqu’aux plis d’ombre, et ils sont nombreux dans une capitale gouvernée à la fois par le soleil et la poigne. La vieille ville indigène se rétrécit chaque année. Une partie de jonchets ou de Mikado, avec parfois jetés pêle-mêle sur les nouvelles avenues les mâts d’ivoire des minarets. S’estompent aussi les silhouettes rasant les douval, ces grands murs aveugles en pisé, derrière lesquels, à l’ombre des maisons d’argile, la vie s’étire dans des circonvolutions de treilles langoureuses et de mains chasseresses.

Après les Sotsgorod, anciens quartiers soviétiques et leurs imaginations de banlieue – heureusement réduites par la crainte de nouveaux séismes – d’autres combinaisons urbaines de formes et de toutes origines – verticales, circulaires de Malaisie, horizontales, carrées, triangulaires de Yougoslavie, de Turquie et d’Europe – se sont développées dans la ville. Avec toujours, comme après fracture, cette originalité de cal osseux. Au musée de la bibliothèque littéraire «Alisher Navoï», nom du poète national, le buste de Lénine repose derrière d’obscurs cartons, misérable tas de secrets d’un bureau sans âme, où une femme ouzbèke, bras en croix, s’oppose au cliquètement d’un appareil photographique. Pourtant, ici ou là, des profils, en attente de fonderies, d’industries, de certitudes politiques, peut-être encore : surtout quand le dernier Premier secrétaire du parti communiste de la république soviétique d’Ouzbékistan devient le Président de cette même république. Alors ? Ici on a déboulonné. Là on déboulonne encore pour socler à nouveau. Dans tout le pays, on trouve ces grands vides actifs comme des remises. Les places «Lénine» se métamorphosent en «Place de l’Indépendance», en place «Amir Timur».

À Tachkent, Tamerlan a chassé Lénine, un premier septembre 1993. Et le peuple, moins russophobe que russophone, dévide encore et toujours autour des statues les petits pas pathétiques de ces grands bonheurs simples. Avec un rien d’emphatique lorsqu’il s’agit de magnifier son histoire à l’ombre de la grande, en polaroïd ou en format vidéo. Comme les Soviétiques autrefois – les jeunes mariés de l’Oural se font encore tirer le portrait sous la sculpture de Kalachnikov et de sa célèbre arme éponyme (adulée peut-être aussi parce que le calibre des balles est parfois celui des macaronis quand par souci d’économie on fusionne industries civiles et militaires) – les femmes ouzbèkes se marient dans cette couleur de vierge propitiatoire, sous un Tamerlan, lame au clair. Timur ne fait-il pas tourner les têtes ? Pourquoi ?  «Mais parce qu’Amir Timur est le fondateur de notre jeune nation ; et qu’il est fort et beau !» a répondu ce jeune couple ouzbek qui n’a pas hésité à parcourir plus de cent kilomètres pour se faire photographier et filmer à ses pieds. Timur, dont la jambe droite était paralysée, la main droite déformée. La propagande bat son plein. Jusqu’à occulter le prince Babur, descendant timuride chassé par les Ouzbeks au début du XVIe siècle (29).

Tamerlan, Samarcande © ppc
Tamerlan, Samarcande © www.philippepataudcélérier.com

Ne manquent que les touristes, toujours plus nombreux, et l’hospitalité des hôteliers. Après soixante-dix ans de soviétisme, le sourire n’est pas un gage de compétitivité. Mais cent dollars, une somme bien vite dépensée par certains. Si la plupart se disent «dans les affaires», peu dissertent sur leurs activités. Une prudence comme un atavisme des décennies passées. Mais des écarts de salaires qui vont crescendodans le pays et une réalité pleine d’incertitudes sur les prochaines années. Ici on parle bas, indistinctement, en remuant à peine les lèvres. L’ordre public est si vite troublé. Des «attroupements d’idées» peuvent même éclore dans le panier de la ménagère qui fait amende honorable, en remettant plusieurs boîtes de conserves aux policiers vigilants. Alors on murmure avec des pupilles immenses «Ne plus se sentir exploité, c’est énorme. Mais comprendre qu’on l’est encore et ne plus savoir par qui ; ne plus trouver à qui se prendre de sa misère, qui accuser ! (30)»

Se tourner ailleurs. Encore.

Amir Timur, nouveau liant social, nouveau Père-fondateur d’une nation sans mémoire, d’une histoire sans frontière, d’un destin collectif à réinventer. Timur ? Un moissonneur de têtes, une délicatesse d’esthète : les meilleurs artistes étaient épargnés, condamnés à magnifier Samarkand. «Dans cet évanouissement du grief, poursuit Gide, je crains que Céline n’ait raison de voir le parfait comble de l’horreur. Il dit puissamment : Encore nous ici, on s’amuse ! on est pas forcé de prétendre ! on est encore des «opprimés» ! On peut reporter tout le maléfice du Destin sur le compte des buveurs de sang ! Sur le cancer «l’Exploiteur !» Et puis se conduire comme des garces. ni vu ni connu !… Mais quand on a plus le droit de détruire ? Et qu’on peut même pas râler ? La vie devient intolérable ! …»

Timur, «Timurland», Khiva, Boukhara, Chakh-i Sabz, Samarkand, Tachkent. Des statues équestres tombées dans cinq ans ? Partout on commémore, on oublie. On détruit, on restaure, on instaure à l’aune des chiffres ronds : 660 pour l’anniversaire de la naissance de Tamerlan – un peu plus et c’était le diable –, 2500 pour fêter en 1997 la naissance de Boukhara. Avec toujours en toile de fond, des mosquées désaffectées, des madrasa – écoles supérieures islamiques – abandonnées aux échoppes pour touristes ; jusqu’aux tombeaux carrelés, appareillés comme des salles de bain. «Percevoir la part d’irréalité en toute chose, notait Cioran, signe irrécusable qu’on avance vers la vérité» (31).

Philippe Pataud Célérier © textes et images

Globe-Mémoires, magazine documentaire multimédia consacré à l'Ouzbékistan
Globe-Mémoires, magazine documentaire multimédia

Cet article est paru en septembre 1997 dans Globe-Mémoires, magazine documentaire multimédia dont lenuméro 1 était consacré à l’Asie centrale. Sous la direction scientifique d’Olivier Roy, Professeur de Sciences Politiques et spécialiste des religions à l’Institut Universitaire Européen (IUE) de Florence. 

Notes : 

(1) «Le principe selon lequel une nationalité est définie par une langue et un territoire conduit à des aberrations bien connues, qui ne sont que le prolongement d’une logique bureaucratique. Puisque les Juifs sont reconnus comme nationalité, on décide que leur langue est le yiddish et on leur invente un territoire : le Birobidjan, au fin fond de la Sibérie.» La nouvelle Asie centrale, O. Roy, Le  Seuil, 1997. (2) Voir l’article de K. Gatelier, p. 32, Globe-Mémoires, Asie centrale, 1998.  (3) Un mois en U. R. S. S., Alberto Moravia, Flammarion, 1959. (4) Peuples d’Asie centrale, Charif et Roustam Choukourov, Syros, 1994. (5) Le milieu des Empires, René Cagnat et Michel Jan, Robert Laffont, 1981.(6) Les évolutions de l’Asie centrale, O. Roy, Hérodote, 1997, p. 44. (7) Khalk Suszi, Tachkent, 3 avril 1997. Hurriyat, Tachkent, 9 avril 1997. (8) L’enseignement supérieur et les sciences en Ouzbékistan soviétique, Tachkent,  9) Ibid., O. Roy, La nouvelle Asie centrale. (10) Sa latinisation a été votée en septembre 1993 mais le délai d’application a été fixé en l’an 2005… (11) Ibid., A. Moravia,Un mois en URSS. (12) Ibid., René Cagnat et Michel Jan, Le milieu des Empires. (13) «Dès 1850, des navires de guerre russes, transportés en pièces détachées à travers le désert et remontés sur les rives de la mer d’Aral, s’assurent le contrôle de cet espace maritime». Ibidem. (14) Tachkent a deux mille ans, G. Pougatchenkova, UNESCO, 1983, p. 13.(15) Ibid., O. Roy, La nouvelle Asie centrale.(16) Voir p. 37 : Une machine à fabriquer des nations. (17) Pravada Vostoka (La Vérité de l’Orient), Tachkent, 16 mars 1997. (18) La nouvelle philosophie moscovite, V. Pietsoukh, Actes Sud, 1990, p. 69. (19) Pravda Vostoka, Tachkent, 31 octobre 1928. (20) Ibid., O. Roy, La nouvelle Asie centrale. (21) Les musulmans soviétiques, Vincent Monteil, Seuil, 1957, p. 109. (22) Des monts célestes aux sables rouges, Ella Maillart, Payot, 1991, p. 170. (23) Ibid., V. Monteil, Les musulmans soviétiques. (24) Voir p. 14 et suivantes.  (25) Le taux officiel est passé entre 1997 et fin 98 de 75 à 150 soum pour un dollar. (26) Ibid., V. Monteil, Les musulmans soviétiques.  (27) Retour de l’URSS, André Gide, Gallimard, 1936, p. 35. (28) Il est très dégradant pour un Ouzbek de voir sa femme servir dans un lieu public. Sur le ressentiment des populations autochtones à l’égard des Russes : Victorieuse Russie, Hélène Carrère d’Encausse, Fayard, 1992.  (29) Chassé de Samarkand en 1498, il ira conquérir l’Inde septentrionale et fonder la dynastie moghole. (30) Retouches à mon retour de l’URSS, André Gide, Gallimard, 1937, p. 43. (31) Cahiers, 1957-1972, Cioran, Gallimard, 1997, p.15.

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