Sanctuaire Shinto de Senso-ji, Asakusa, Tokyo

Sanctuaire Shinto de Senso-ji, Asakusa, Tokyo

Dès l’époque des Tokugawa (1603-1867), les foules affluent sur Asakusa. Le quartier, situé au nord-est d’Edo, se développe autour du Senso-ji, le plus vieux temple bouddhique de la ville. En ces temps, la vie est particulièrement rude ; rendre visite au temple qui héberge Kannon, la plus altruiste des divinités est une action des plus recommandables. Pourtant, malgré ses mille feux, la divinité n’aurait jamais été aussi éclatante sans l’aide de quelques ombres voisines : la première est celle qui place Asakusa sur la route menant à Yoshiwara, célèbre royaume des maisons closes. La seconde est le fait des autorités shogunales, qui, au milieu du 19e s. refoulent en périphérie le kabuki, théâtre jugé trop délétère pour le cœur de leur cité. Ses acteurs qui jouent des rôles de femmes (onnagata) envahissent alors Asakusa et apprennent auprès des courtisanes de Yoshiwara. Les plaisirs se multiplient et se diversifient en accord avec leur temps. Cinémas, fêtes foraines, stands de tir à l’arc – se métamorphosant parfois en bordels –, théâtres, lieux de strip-tease, cafés, Asakusa apprend vite (il est vrai que l’Occident exporte moins ses désirs que leur satisfaction). Il devient même sous l’ère Meiji l’un de ces fameux sakariba, lieux animés si convoités à l’aune de ce carcan rigide et stratifié qu’est alors la société japonaise. Artistes, intellectuels, écrivains (Kawabata écrit sa Chronique d’Asakusa en 1929) déambulent avec bonheur dans ce quartier populeux où « l’on y voit, à nu, palpiter tous les désirs » et ce, sans distinction de classe. Après la Seconde Guerre mondiale, Asakusa est réduit en cendres. Le quartier se reconstruit sans perdre pour autant son échelle humaine : ruelles étroites, maisons basses s’organisent autour du temple avec à nouveau ces mêmes flux quotidiens de foules gourmandes, peut-être un peu plus sages. Chaque année, 20 millions de personnes visitent le temple. Croyants, touristes se croisent et se mêlent aux élèves en uniformes piqués de boutons en laiton. Les plus petits ont des chapeaux ronds, de feutre ou de paille, avec souvent aux lèvres ces sourires irisés par le sel des senbei (biscuits de riz croustillants) ou le sucre des kaminariokoshi (bonbons japonais) © ppc

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