Massacres en silence en Papouasie

Massacres en silence en Papouasie

Le président indonésien Joko Widodo, élu en octobre 2014, a été présenté comme un homme d’ouverture, un sentiment renforcé par la libération des deux journalistes français qui avaient été arrêtés en Papouasie occidentale. Pour autant Areki Wanimbo, leur accompagnateur papou risque la prison à vie et son avocate est menacée de mort. Plus encourageante cette volonté de concorde entre les indépendantistes papous pour dénoncer au monde les crimes atroces qu’ils subissent depuis plus de 50 ans.

Nouvelle-Guinée Occidentale est aujourd’hui divisée en deux provinces : Papouasie et Papouasie Occidentale © DR

C’est en arrivant à Londres qu’Octovianus Mote apprend la terrible nouvelle. Son ami, John Wamu Haluk, responsable de l’une des plus grosses entreprises papoues vient de décéder. La mort l’a fauché en ce mois de novembre 2014 tandis qu’il venait de garer sa voiture dans un parking de Timika. Cette ville western du sud de la Papouasie occidentale (1) a surgi de terre avec la force d’un furoncle à mesure que le géant minier, Freeport Mac Moran, arasait cette montagne d’or et de cuivre – le mont Grasberg – pour y tirer ses colossales richesses (2). Aucun rapport médical n’a été diffusé pour l’heure. Mais en l’absence probable d’autopsie, les médecins indonésiens diagnostiqueront un arrêt cardiaque. Pour Mote la cause du décès est sans ambiguïté: John Wamu Haluk a été empoisonné. Un meurtre perpétré par le BIN (Badan Intelijen Negara), les services secrets indonésiens, connu pour ses méthodes d’actions aussi discrètes qu’efficaces. Danny Kogoya, commandant régional de la branche armée de l’OPM (l’Organisation pour une Papouasie libre) pourrait en témoigner s’il était encore en vie. Blessé par balles alors qu’il se rendait, sans armes, il était amputé, sur ordre militaire, à l’hôpital de police de Jayapura (capitale provinciale de la Papouasie). Invalide donc libérable et libéré, il réussissait à se réfugier en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans la petite ville côtière de Vanimo. Quelques mois seulement car il décédait le 15 décembre 2013. En cause, pointèrent les médecins papous, ces substances chimiques trouvées dans son sang ; administrées probablement pendant l’amputation. Nul n’en sait toujours rien aujourd’hui. L’autopsie ordonnée par la justice ayant été empêchée par des agents du Consulat indonésien en lien avec le BIN; omniprésent sur cette zone frontalière.

Mains chaleureuses et figure avenante Octovianus Mote ne cache pas son désarroi en foulant le sol parisien. La seconde fois en un an pour rencontrer des ONG (Organisations non gouvernementales). « En empoisonnant John Haluk, on me coupe les deux jambes. Sans argent plus de déplacement. ! Il faudra qu’un jour, on comptabilise tous les leaders papous décédés d’une crise cardiaque ! » Haluk n’était pas seulement un ami mais son soutien financier, l’un des principaux argentiers de la cause papoue. « C’est grâce à lui que je pouvais mener ma mission : dénoncer les exactions, – meurtres, viols, tortures, expropriations, spoliations – commises par l’armée, la police, l’administration indonésiennes à l’encontre des Papous ; informer les ONG, les décideurs, la presse sur ce génocide qui ronge la Papouasie Occidentale depuis plus de 50 ans ». Génocide ? « Oui. Mon peuple est en train de disparaître. Dans les années 1960 on recensait 800 000 papous de part et d’autre de la frontière qui coupe l’île de Nouvelle-Guinée en deux. Cinquante ans plus tard on compte 7,5 millions d’habitants en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) contre moins de 2 millions en Papouasie Occidentale. Une différence démographique de cinq millions de personnes mais aussi une différence de régime politique : l’indépendance de la PNG depuis 1975, la colonisation indonésienne de la Papouasie occidentale depuis 1969. Les papous sont aujourd’hui minoritaires sur leurs terres natales.» (3)

Octovianus Mote est un ancien journaliste du Kompas. Au sein du plus grand média de presse écrite indonésien, il pouvait écrire sur tout sauf sur la Papouasie Occidentale dont il était pourtant le responsable de bureau. Il a fallu attendre la chute de Suharto – et avec elle la fin de trente années de dictature (1967-1998) particulièrement sanglantes – pour que les Papous commencent à espérer ; par le biais notamment de la fameuse « Tim 100» : l’équipe des cent leaders missionnés par le peuple papou pour demander l’indépendance au nouveau président en exercice : Jusuf Habibie (1998-1999). Intellectuel respecté, M. Mote en est l’un des promoteurs actifs. Mais la parenthèse démocratique ouverte par le très modéré président Gus Dur (1999-2001) est de courte durée. Mme Megawati Sukarnoputri (juillet 2001-2004), la fille de Sukarno, le président fondateur de l’Indonésie, lui succède. Avec en tête l’antienne paternelle qu’elle fait sienne avec rage: « sans la Papouasie occidentale, l’Indonésie n’est pas complète ». Le « Printemps papou » est réprimé dans le sang. Ses leaders emprisonnés quand ils ne sont pas assassinés comme Theys Eluay, le dirigeant du Présidium du Conseil de Papouasie, froidement abattu en novembre 2001 par les forces spéciales de l’armée de terre indonésienne (Kopassus). Échappant à une tentative de meurtre, M. Mote se réfugie lui aux États-Unis.

C’est avec un passeport américain, qu’il aurait pu retourner en Papouasie dès 2011 pour participer à la Conférence de Paix organisée à Abepura (banlieue de Jayapura) par le pasteur Neles Tebay. Ce dernier coordonne le réseau pour la paix en Papouasie. Cette organisation militant pour la non-violence et l’établissement d’un dialogue de paix entre le gouvernement et les indépendantistes papous entend mettre en place une structure de dialogue apte à négocier avec le pouvoir indonésien. Pour lui conférer sa légitimité, huit cents délégués papous ont élu cinq négociateurs, tous réfugiés à l’étranger : MM. Benny Wenda, Rex Rumakiek, Octovianus Mote, Mme Leonie Tanggahma ainsi que John Otto Ondawame. Ils ont l’avantage de parler plusieurs langues et d’avoir suivi une solide formation. Des qualités rares désormais, les élites papoues ayant été décimées (Songeons à Arnold Ap, célèbre musicien et chantre de la culture papou assassiné par les militaires indonésiens en 1984) et leurs successeurs potentiels étouffés par un système scolaire indigent.

La Papouasie est fermée aux journalistes.

En l’absence de dialogues avec Djakarta, les négociateurs se doivent de trouver de nouveaux appuis, notamment auprès de leurs voisins les plus proches, leurs frères mélanésiens rassemblés au sein du Groupe mélanésien fer de lance (GMFL). Cette organisation régionale, représentée à Port-Vila par son directeur général, le Salomonais Peter Forau, réunit le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Fidji et le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), mouvement politique indépendantiste de Nouvelle-Calédonie – soit la majorité de la population mélanésienne de l’Océanie insulaire. Pour les leaders papous, la reconnaissance de leur lutte par le GMFL est l’assurance de se faire entendre dans des instances plus importantes comme celle des Nations Unies ou du Commonwealth auxquels appartiennent certains membres du GMFL. « Sans reconnaissance régionale difficile d’espérer que notre cause puisse accéder à une reconnaissance internationale. Mais encore faut-il que nous autres Papous, puissions parler d’une seule voix face au GMLF pour qu’il accepte notre adhésion!» rappelle M. Benny Wenda, responsable de Free West Papua Campaign Un pari difficile. Deux cent cinquante trois groupes ethniques divisés en de nombreux mouvements politiques composent le peuple papou de Papouasie. Sans compter le rôle de sape que joue l’Indonésie en sous mains. « Elle soutient les leaders qui nous divisent ; assassine ceux qui nous unissent ! » précise M. Mote.

La crise cardiaque qui emportait Ondawame, ce 4 septembre 2014, l’un des cinq négociateurs papous et principal organisateur de la conférence qui,  à Port-Vila (Vanuatu), devait débattre de la situation papoue devant le GMLF provoquait la consternation générale tandis que Djakarta menaçait le Vanuatu de représailles s’il persistait à soutenir ce rassemblement mélanésien et l’indépendance de la Papouasie (4). Pour l’heure, le Vanuatu, membre des Nations Unies depuis 1981, tient bon. Une constante dans la ligne politique établie par son fondateur Walter Lini (1942-1999), qui déclarait que son « pays ne serait pas libre tant que la Mélanésie ne l’était pas ! »Une fraternité de sang d’autant plus revendiquée que la démographie du Vanuatu est faible (250 000 habitants) comparée aux 260 millions d’Indonésiens. La conférence de Port Vila est finalement reprogrammée.

C’est de Rome que M. Mote s’envole pour Port Vila, en évitant soigneusement de passer par l’aéroport de Port Moresby, la capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où soixante-dix leaders papous d’Indonésie ont été bloqués. « Sur pressions indonésiennes, confie un diplomate. Militaires, économiques, politiques. Elles sont multiples parfois s’exercent avec la complicité de lAustralie très proche de l’Indonésie sur un plan militaro-économique. Et il n’y a peu d’espoirs pour que les choses changent avec le nouveau président indonésien Joko Widodo », surnommé « Jokowi ». Il avait pourtant fait des deux provinces papoues « très importantes pour l’Indonésie » l’une de « ses priorités » pendant sa campagne (5). « Priorité pour qui ? Pas pour nous ! proteste Benny Wenda qui avait appelé les électeurs papous à boycotter les élections présidentielles de juin 2014. « Jokowi appartient au Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P) fondé par l’ancienne présidente Megawati Sukarnoputri. Il est tenu par l’élite traditionnelle en place depuis des décennies. Regardez Jusuf Kalla ! » Ce derniernouveau vice président de M. Widodo, prête peu à l’optimisme. Dans The Act of Killing (2012) le cinéaste documentaire Joshua Oppenheimer montre les discours de M. Kalla, en 2009, aux Jeunesses du Pancasila (Pemuda Pancasila), une organisation paramilitaire très impliquée dans le massacre anticommuniste de 1965. Sur un ton débonnaire, le dirigeant rappelle que si on traite parfois ses membres de « preman » (gangsters) la « Nation a besoin de voyous pour que les choses soient bien faites (voir l’extrait du film) ».

La Papouasie est fermée aux ONG.

« Comment espérer ? déplore M. Wenda. Même si l’on compte parmi les nouveaux ministres une femme papoue, Mme Yohana S. Yambise, chargée de l’autonomisation des femmes et la protection de l’enfance », ironise t-il. La ligne est sans ambigüité pour les postes clefs : le ministre de la défense, le général Ryamizard Ryacudu, un proche de Mme Megawati, est un ultra nationaliste qui avait traité en héros les soldats de la Kopassus après l’assassinat du leader indépendantiste Theys Eluay. Tjahjo Kumolo, le nouveau ministre des affaires intérieures veut multiplier les provinces administratives en Papouasie Occidentale, (une dizaine sont déjà évoquées) pour densifier plus encore la bureaucratie indonésienne tout en divisant les populations papoues. Quant à Marwan Jafar, le nouveau ministre du développement des régions défavorisées et de la transmigration, il veut accélérer le programme de transmigration condamnant les Papous à une inexorable et irréversible marginalisation.

« S’il avait voulu jeter de l’huile sur du feu, il ne s’y serait pas pris autrement ! souligne L.T., militante papoue. Jokowi est un homme de paille au service des militaires. Il vient d’ailleurs de renforcer le nombre de militaires en Papouasie ». Pourtant on compte déjà un policier pour quatre vingt dix neuf Papous contre un pour deux cent quatre vingt seize dans le pays. Selon le président indonésien, ce serait pour prévenir les atteintes aux droits de l’homme.« Mais, poursuit L.T., chacun sait que ces violations sont le fait des policiers et militaires. » La toute récente nomination du très corrompu Général Budi Gunawan à la tête de la police nationale fait couler beaucoup d’encre en ce début d’année 2015. Tout comme la libération sur parole de Pollycarpus Budihari Priyanto cautionnée par Joko Widodo.  Sous l’égide du BIN dirigé à cette époque par Hendropriyono, Priyanto avait empoisonné en 2004 Munir Saïd Thalib, l’un des militants des droits de l’homme les plus célèbres en Indonésie. Mais voilà : Hendropriyono est aujourd’hui un conseiller politique de J. Widodo (6).

Certes si M. Joko Widodo a fait libérer les deux journalistes français Thomas Dando et Valentine Bourrat, arrêtés pour avoir enquêté en Papouasie sans visa journalistique, peut-on encore y voir un signe d’ouverture ? Ou plus sûrement une opportune notoriété internationale à peu de frais ? Qui parle aujourd’hui d’Areki Wanimbo emprisonné depuis sa rencontre avec les deux journalistes ? Inculpé de « rébellion » au titre des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien il risque la prison à vie. Qui se soucie d’Anum Siregar, son avocate, spécialiste des droits humains, agressée physiquement, menacée de mort, pour avoir contesté devant le tribunal de Wamena la légalité de l’arrestation et de la détention d’Areki Wanimbo ? Depuis la libération des deux journalistes en octobre 2014 (ils ont promis de se taire pour accélérer leur libération), la Papouasie Occidentale a disparu des médias.

Pourtant, en ce 6 décembre 2014, la conférence de Port-Vila s’est conclue par un accord. Pour la première fois, les trois principaux groupes indépendantistes papous ( se sont rassemblés au sein d’une seule et nouvelle formation : le Mouvement uni pour la libération de la Papouasie occidentale (MULPO) grâce auquel les Papous pourront déposer au prochain sommet du GMLF (prévu en 2015 aux îles Salomon) leur candidature d’adhésion (7). « Vu la capacité de nuisance de l’Indonésie, il faut rester prudent, temporisent MM. Wenda et Mote, respectivement porte-parole et secrétaire général du MULPO. Djakarta a en effet depuis 2012 un rôle d’observateur au sein du GMLF pour représenter les autres populations mélanésiennes – non papoues. Cette présence indonésienne en dit long sur son emprise régionale.

Comment expliquer par exemple que l’Organisation des Nations Unies à travers son Comité spécial des Vingt-quatre se désintéresse du sort de la  Papouasie Occidentale mais place la Polynésie française (résolution du 7 mai 2013) sur la liste des territoires à « décoloniser » ? Rappelant au passage « le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance ». Les Polynésiens seraient-ils plus menacés que les Papous ? A moins que la France soit moins influente que l’Indonésie aux Nations Unies ? (Membre du Comité spécial des Vingt-Quatre l’Indonésie peut aussi s’appuyer sur le vice président du Comité : l’Indonésien Dian Triansyah Djani ?) Ou que les États-Unis y défendent mieux les intérêts de leurs industries minières. Pour protéger sa rente d’or en Papouasie occidentale la multinationale FreeportMcMoRan n’avait pas hésité à embaucher l’ancien Secrétaire d’État Henri Kissinger (1973-1977), membre fondateur de la puissante Commission Trilatérale : une organisation non gouvernementale qui rassemble les personnalités mondiales les plus influentes comme M. Jusuf Wanandi, politologue indonésien et politicien ultra nationaliste et vice président au sein de la Commission de la région Asie Pacifique.

La Papouasie est fermée aux enquêteurs des Nations Unies.

«  Il faut que l’ONU prenne désormais ses responsabilités ; qu’elle défasse ce qui a été fait sans nous mais contre nous insiste M. Mote. En 1969 nous avons été obligés de voter, fusil sur la tempe, notre intégration à l’Indonésie. Les Nations Unies ont pris note ! Depuis, nous subissons les conséquences de ce que nombre de chercheurs appellent désormais un génocide au ralenti» (8). Nous  vivons dans l’une des régions les plus riches du monde et sommes trop pauvres pour faire valoir nos droits ! » Difficile de plaider devant la Cour pénale internationale compétente pourtant pour juger les auteurs de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. L’Indonésie n’a jamais signé le Statut de Rome.

Le 8 décembre 2014,  un nouveau massacre ensanglante la région (9). Après qu’un véhicule militaire a failli faucher des enfants papous, des manifestations sont organisées. La police et l’armée ouvrent le feu. Quatre jeunes papous sont tués (Alpius Youw, Yulian Yeimo, Alpius Gobai, Simon Degei) dix-sept autres sont blessés. M Joko Widodo promet de faire toute la lumière sur cette affaire. Un mois plus tard l’enquête qui est toujours au point mort est évincée par le meurtre de deux policiers indonésiens retrouvés non loin de Freeport dans des circonstances non encore élucidées. Plus d’une centaine de Papous sont aussitôt arrêtés, battus, une douzaine de maisons incendiées. « Voilà la lumière qu’on nous promettait » murmure un papou.

Philippe Pataud Célérier

Ce texte est la version longue de l’article paru dans Le Monde Diplomatique en février 2015 sous le titre : Les papous minoritaires en Papouasie 

Notes : 

La région est fermée aux journalistes.

Pour suivre l’actualité sur la Papouasie : rejoignez-nous sur : SOS Papouasie

15 mois après l’investiture du président indonésien Joko Widodo où en sont les Papous ? (mars 2016).

 « Les Papous minoritaires en Papouasie » au Tarmac

Le TARMAC invite Le Monde diplomatique le temps de trois soirées, trois pays, trois sujets. Autour de la « lecture vivante » d’un article de fond du Monde diplomatique, en présence d’un(e) journaliste, nous tissons des passerelles entre l’information et des œuvres littéraires, théâtrales, poétiques… Ces échanges, les extraits de textes lus élargissent les perspectives et nous permettront de sentir battre un peu mieux, un peu plus fort le pouls du monde.


Rencontre proposée et animée par Thierry Blanc. Avec Damien Faure, cinéaste auteur de la trilogie West Papua (aaa production)Paul Waino, poète Kanak, Denis Pourawa, auteur, poète kanak et Philippe Pataud Célérier, journaliste. Dernier rendez-vous Le TARMAC diplomatique : jeudi 16 avril 2015 à 20h
Le TARMAC La scène internationale francophone – 159, avenue Gambetta – 75020 Paris. Réservations au : 01 43 64 80 80.

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